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Lordon et le rôle du concept en sciences sociales

Ma spécialité n'est pas le "champ social" mais permettez-moi tout de même un rapide commentaire critique sur cet article de Lordon paru en 2013 dans les cahiers philosophiques, qui évoque au passage les "sciences dures" et leur usage des mathématiques, des sujets qui me sont plus familiers. Si je trouve le rapprochement entre philosophie et sciences sociales que Lordon appelle de ses voeux dans cet article tout à fait louable, certains aspects me gênent néanmoins. Ils ont trait à la fois au style et au contenu de l'article. Commençons par un bref exposé de ma compréhension du texte (je vous renvoie à l'article lui même pour une exposition plus fidèle des idées l'auteur).

Pourrait-on s'exprimer dans un langage purement physique ?

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On voit parfois cette caricature dans les récits de science fiction ou dans les comédies : une personne, ou une machine, s'exprimant dans un langage purement scientifique (au lieu de dire "prend un verre d'eau" elle dira d'un ton nasillard "je te conseille d'ingérer par voie buccale une quantité d'environ dix centilitres de liquide constitué principalement de molécules H2O"). Pourrait-on vraiment s'exprimer ainsi ? Après tout si le physicalisme est vrai, c'est à dire si tout dans le monde est physique, ce devrait être une possibilité de principe, et même, plutôt que de recourir à ce type de paraphrases que la complexité pousse à dessein au ridicule, nous pourrions peut-être,  poussant le ridicule à son terme, nous communiquer directement des modèles physiques dans un formalisme mathématique.